Véronique Sylvain habite à Ottawa, où elle occupe le poste de responsable de la promotion et des communications aux Éditions David. Ses poèmes ont paru dans les revues À ciel ouvert, Ancrages, Femmes de parole, Zinc, et dans les recueils collectifs Poèmes de la résistance (Prise de parole, 2019) et Projet TERRE (David, 2021). Son premier recueil, Premier quart (Prise de parole, 2019), lui a permis de remporter le Prix de poésie Trillium, le Prix du livre d’Ottawa, en 2020, le prix Champlain et le Prix littéraire émergence AAOF 2021. Fière Franco-Ontarienne, passionnée de mots, de musique, de nature et de voyage, Véronique anime également des ateliers d’écriture pour les 8 à 98 ans. Son prochain recueil de poésie, En terrain miné, paraîtra à l’automne 2024.
Les premières années où je rentrais à Kapuskasing au printemps, alors que j’étais étudiante à l’université, je me rendais toujours au parc Riverside avec une amie d’enfance, après avoir mangé une poutine. Je revoyais les oiseaux migratoires qui, comme moi, rentraient « au pays ». Cet environnement m’a inspiré un texte sur ce parc et la rivière qui le longe, mais aussi sur certaines traces de l’histoire de ma ville natale, autrefois appelée MacPherson, jusqu’à ce qu’on lui donne un autre nom en 1917. En langue crie, « Kapuskasing » signifie « courbe dans la rivière ». Dans mon poème, j’ai voulu personnifier la rivière, en m’inspirant d’un échange avec quelqu’un qui m’a un jour comparée à cette rivière, en raison de mes courbes. Texte: Sylvain, Véronique
les Monuments
de la francophonie
se dressent
un peu partout
en Ontario
depuis
une vingtaine
d’années
comme
ici
le 11e
devant
l’École
secondaire
catholique
Sacré-Cœur
à Sudbury,
autrefois
le Collège
du Sacré-Cœur,
qui a accueilli,
à l’angle
de la rue
Kathleen
et de l’avenue
Notre-Dame,
au milieu
du Moulin
à Fleur,
des milliers
d’élèves
franco-ontariens,
dont
le dramaturge
André Paiement
feu
l’animateur
Denis St-Jules
feu
et le chanteur
Robert Paquette
feu vivant.
après avoir
ouvert
et fermé
ses portes
à quelques
reprises,
l’école
reste
là
ses pétales
déployés
fragiles
fébriles
comme
le trille
en avril
et le lys
à l’hiver.
il la fait
résonner
sur
et sous
les terres
du nord
de l’Ontario.
le drapeau
vert et blanc
claque toujours
au-dessus
de sa tête. Texte: Sylvain, Véronique
les Monuments
de la francophonie
se dressent
un peu partout
en Ontario
depuis
une vingtaine
d’années
comme
ici
le 10e
devant
cet établissement
post-secondaire
à Sudbury
où
mon grand frère
a appris à souder
sa langue
à des pièces
de toutes sortes
à embrasser
un métier
qu’il pratique
aujourd’hui
dans une langue
autre que la sienne.
mais
il continue
de porter
sa langue
en lui
tel un monument.
il la fait
résonner
sur
et sous
les terres
du nord
de l’Ontario.
le drapeau
vert et blanc
claque toujours
au-dessus
de sa tête. Texte: Sylvain, Véronique
près de la Colline
du Parlement
du Canada
et du Château
Laurier
au bord
des écluses
le Musée
Bytown
m’a ouvert
ses portes
avant que
je n’ouvre
mon cœur
à un homme
aux yeux doux
celui que j’avais
longtemps
imaginé
tel un bûcheron
tapageur.
je nous avais
aussi longtemps
imaginés
ensemble
avant la création
d’un monde
et la naissance
du Canal Rideau.
des morceaux
de nous
et de ce qui fut
se comptent
aujourd’hui parmi
les sept mille
artefacts
du Musée.
nos souvenirs
ornent encore
les murs de pierre
du bâtiment. Texte: Sylvain, Véronique