Né à Toronto en 1967, Jean-Louis Trudel a aussi vécu à Ottawa, Montréal et Sudbury, mais il est maintenant établi dans la ville de Québec. Après avoir complété des études en physique (baccalauréat) et en astronomie (maîtrise), il s’est consacré à l’histoire et à la philosophie des sciences et des techniques, obtenant une maîtrise de l’Université de Toronto et un doctorat de l’UQÀM. Auteur, traducteur et critique, il publie sur l’histoire de la science-fiction au Canada francophone depuis 1995 en contribuant à des ouvrages parus au Canada, aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en France, dont The Encyclopedia of Fantasy (1997), le Dictionary of Literary Biography (2002), le Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec (2011), le Dictionnaire des revues littéraires au vingtième siècle (2014) et de nombreux volumes de L’Année de la science-fiction et du fantastique québécois. Membre du comité scientifique de la revue savante Res futuraequi porte sur la science-fiction francophone, il est professeur à temps partiel au département d’histoire de l’Université d’Ottawa et membre associé du Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie. Comme écrivain, il a signé vingt-huit ouvrages (sous son propre nom), soit deux romans de science-fiction, deux recueils de nouvelles et vingt-quatre livres pour jeunes, ainsi qu’une centaine de nouvelles en français et en anglais. En collaboration avec Yves Meynard sous le nom de Laurent McAllister, il a aussi fait paraître trois romans de fantasy pour jeunes, un recueil et le roman Suprématie (2009). Sa production lui a valu plusieurs distinctions, dont le Grand Prix de la science-fiction et du fantastique québécois (aujourd’hui appelé le Prix Jacques-Brossard), le Prix Solaris (trois fois) et plusieurs prix Aurora et Boréal.
J’ai présenté Terry Fox à ma femme par une journée d’été finissante. Au loin, un orage grondait au risque de réveiller le Géant endormi de la baie du Tonnerre. Des masses nuageuses s’étageaient à l’aplomb du Grand Lac des Anishnabés dans un désordre offrant des éclaircies bleues entre leur sombre colère et le moutonnement des flots. Le coureur coulé dans le bronze défiait le mauvais temps tandis que j’expliquais sa lutte contre la maladie et l’immensité canadienne, heureux de révéler un héros à la générosité sans calcul et sans borne, à ma compagne établie dans ce pays édifié sur tant de peines et de misères. Reprenant la route, nous avons salué l’autre géant, au profil rocheux imprimé sur un ciel d’océan au cœur du continent. Texte: Trudel, Jean-Louis
Sous nos pieds, des neutrinos allument des étincelles dans une piscine d’eau lourde, au cœur du roc qui a rempli le cratère creusé par une comète. Le cuivre et le nickel remontés des profondeurs par l’impact ont usé les mineurs, construit une ville, contaminé les sols, pollué les cieux et précipité des pluies acides. Devant nous se dresse la reproduction géante d’une pièce de cinq cents dodécagonale que j’admirais jadis, gamin de quatre ou cinq ans dont le père travaillait pour la mine. Sortant de ces abîmes temporels, je prie une jeune touriste de me prendre en photo avec ma compagne de voyage. Je me rapproche d’elle et nous nous touchons presque. La prochaine photo à deux nous montrera main dans la main. Texte: Trudel, Jean-Louis
Entrez dans le cinéma ByTowne comme dans un monument. Édifié en 1947 par un homme d’affaires juif, Hyman Berlin, qui en fit le Nelson Theatre. Presque en face, il y eut pendant cinquante ans Nate’s Delicatessen, un des rares restaurants d’Ottawa à servir du lox et de la viande fumée comme à Montréal ou New York. À l’époque où on jouait encore l’hymne national avant les projections, je fréquentais le Nelson pour voir des films de Disney tel The Black Hole.
En 1989, profitant de la proximité de l’Université d’Ottawa, un cinéma répertoire remplace le Nelson. Les programmes se diversifient, les toilettes vieillissent et le public mûrit, mais vous pouvez encore monter à l’étage pour regarder un film du balcon — expérience devenue historique. Texte: Trudel, Jean-Louis
Les bibliothèques sont des refuges. Dans nos villes surexcitées et nos vies surchargées, elles demeurent des exceptions vouées à la connaissance d’autrui, à l’exploration des idées et à la pause salutaire. À deux pas de l’Université de Toronto, la succursale Lillian H. Smith, gardée par des lions de pierre, accueille des étudiants obsédés par les devoirs, les examens et les factures — ou souhaitant les oublier. Ils rejoignent les ados plongés dans des amours interdites, les robineux qui ronflent la tête sur une table, les enfants qui dévorent des bandes dessinées trop chères pour eux… À l’étage dorment des trésors de la littérature enfantine et des littératures de l’imaginaire. Toutes les bibliothèques sont des refuges, mais certaines offrent plus de rêves que les autres. Texte: Trudel, Jean-Louis
Quand un couple frise la rupture, l’un des deux doit montrer à l’autre qu’il le comprend et qu’il l’aime. Le 24 octobre 1995, des centaines de Torontois se réunirent devant leur hôtel de ville afin d’exprimer leur amour pour un Canada comprenant le Québec. Je ne me souviens pas des grands orateurs enflammés, mais plutôt des Canadiens ordinaires venus témoigner avec émotion, en bafouillant presque, de leur attachement à un Canada uni. Ils réclamaient un futur familier en rejetant l’avenir qui faisait rêver ailleurs, alors que l’hôtel de ville conçu par Viljo Revell, inauguré en 1965, ainsi que la place Nathan Phillips, sa pièce d’eau et ses arches bétonnées sont longtemps apparus comme futuristes, apparaissant tels quels dans plus d’un film ou série de science-fiction. Texte: Trudel, Jean-Louis
Apprenez-en plus sur chacune des publications de l’auteur (ou l’auteure). En cliquant sur une des couvertures vous serez redirigé·e vers un site de vente en ligne où vous pourrez faire l’achat du livre sélectionné.