Chloé LaDuchesse est l’autrice d’un roman noir, L’incendiaire de Sudbury (Héliotrope, 2022) ainsi que de deux recueils de poésie, Exosquelette (2021) et Furies (2017), parus aux éditions Mémoire d’encrier. Elle a signé des textes dans Estuaire, Le Sabord, Exit, Moebius et Open Minds Quarterly ainsi que dans des recueils de nouvelles ou de poésie collectifs. Elle a été la cinquième poète officielle de la ville de Sudbury, où elle réside toujours.
La bière n’est pas chère, mais si on veut vraiment en avoir pour son argent, il faut prendre le Virgin Caesar. Pour un dollar cinquante, on a droit à un grand verre de vitamines, une branche de céleri ou un cornichon ou des olives — dépendant ce qu’il reste derrière le bar – une tranche de citron et une bonne dose de sel. Et puis on peut profiter du billard gratuit et mettre les pires chansons dans le jukebox sans que personne ne se plaigne. Le Croatian Center, c’est LA place où sortir dans le Donovan et découvrir la faune locale à bas prix. Texte:LaDuchesse, Chloé
Elle avait pris l’habitude de passer feuilleter les nouveautés à la librairie tous les vendredis. Sa section préférée demeurait cependant celle des livres usagés. Elle en sélectionnait quelques-uns, s’installait dans un des fauteuils et attendait que la commis lui tourne le dos pour se mettre au travail. Entre les pages, elle insérait des coupures de journaux fanées, des cartes d’affaires, de vieilles recettes manuscrites récupérées ailleurs. Parfois, elle osait même une fausse dédicace, toujours saugrenue. Puis elle remettait les ouvrages à leur place. Elle n’écrirait peut-être jamais de livre, mais laisserait tout de même sa marque dans la bibliothèque de dizaines de gens.Texte:LaDuchesse, Chloé
Tous les jours je m’efforce de disparaître. Je suis la reine de la cachette, personne ne sait mieux que moi repérer les opportunités de m’éclipser. Au parc je grimpe aux arbres, je rampe sous les modules de jeux, je repère les cabanons qu’on a oublié de verrouiller. Je glisse le long des rochers qui plongent dans le lac, me pose sur le rebord d’une anfractuosité, au ras de l’eau. La pierre réchauffe mon dos, les vaguelettes forment des motifs étonnants. Tout serait parfait si je n’entendais pas, au loin, ma mère m’appeler. Bientôt je surgirai à ses côtés, prétendrai de jamais m’être éloignée de plus de quelques pas, et mon antre demeurera secret.Texte:LaDuchesse, Chloé
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